« Il faut évoquer la pièce virtuose Boundary Games qui est peut-être la plus subversive de toutes les pièces du Kunstenfestivaldesarts. C’est ce qu’assène le battement fragile de la vie qui palpite dans les plis et replis d’une couverture et qui semble le seul objet qui intéresse Léa Drouet. Elle pense encore son spectacle Boundary Games en grand comme une performance mais aussi comme une texture associée à une pauvreté de moyens. Elle dessine sur le plateau évidé, un monde de grisaille vu à travers les gestes d’hommes et de femmes qui froissent et défroissent des couvertures, dans lequel éclate parfois un son lancinant, décollé de la réalité environnante. Léa Drouet porte au plus haut le performeur, faisant de son pouvoir d’action, une chose unique, bien réelle, qui participe aussi à une attention, une responsabilité qui reste longtemps fixée dans le crâne. Et précipite notre pensée face à l’idiotie. Quoi de plus intelligent que de donner l’envie au spectateur de se perdre dans un lieu tout en replis, dans la respiration de tout un monde interdit par une politique engourdie ? Dans Boundary Games, nous nous élevons dans le geste de l’autre ».
Extrait du texte inédit « Salut à toi ô mon frère » de Sylvia Botella, juin 2018