Comment habiter une identité sans y être assigné ? Comment tordre les mécanismes d’identification pour œuvrer à des processus de singularisation fins et complexes à la fois ? Comment, sans nier ses origines (culturelles, géographiques, religieuses…) voire même en se battant pour qu’elles soient reconnues et valorisées, ne pas se contenter de les fétichiser mais parvenir à les travailler, les hybrider, les innerver de questions nouvelles qui vont avec les mondes pluriels qui s’inventent au présent ? Et comment, se faisant, et à la manière dont le fait notamment l’adaptation théâtrale de « Pour en finir avec Eddy Bellegueule », faire vriller les représentations qui excluent d’emblée tel groupe sujet de tel type de lutte pensant notamment que les milieux les plus précaires, les groupes de personnes racisées, les individus attachés à leur religion… ne seraient pas traversées par des questions de sexualité, de genre, de lutte politique et esthétique pour l’émancipation ?
Ce sont toutes ces questions qui ont été travaillées dans ce nouveau weekend de l’école expérimentale qui a eu comme enseignantes les deux co-fondatrices de la plateforme Imazi.Reine : Fatima-Zohra Ait El Maâti et Yousra Mezahi. Elles nous ont accueilli·es tout le weekend dans leurs locaux à Molenbeek afin de nous présenter le combat et les actions qu’elles mènent pour que leur identité musulmane et Amazigh (dite « Berbère ») – classées dans ce vaste champ des « minorités » et de fait confrontée au racisme et à l’islamophobie – aient aussi une place et un droit de cité au sein du mouvement féministe et des luttes de genre.